mercredi 17 avril 2013


 Sevran : une seringue à l’école sème la panique

Des élèves ont manipulé une seringue souillée. Trois se sont piqués. Tous vont subir des tests médicaux. Les parents dénoncent un « supermarché de la drogue » dans leur quartier.

CAROLE STERLÉ | Publié le 17.04.2013
Sevran (Seine-Saint-Denis), hier. De nombreuses seringues usagées ont été trouvées par la police dans un buisson proche de l’école Emile-Zola.

Sevran (Seine-Saint-Denis), hier. De nombreuses seringues usagées ont été trouvées par la police dans un buisson proche de l’école Emile-Zola. | (LP/Yann Foreix.)

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Mardi soir vers 20 heures, le personnel de l’hôpital Robert-Ballanger (Aulnay-sous-bois) se mettait en quatre pour prendre en charge et apaiser les familles de Sevran, paniquées à l’idée que leur enfant ait pu être contaminé par une seringue souillée, dans la cour de l’élémentaire Emile-Zola.

« L’équipe des urgences a été renforcée par trois médecins pour accueillir et effectuer les entretiens, les équipes paramédicales ont été doublées et nous cherchons des collations pour faire patienter les enfants qui, pour certains, n’ont pas goûté », expliquait hier soir la cadre de garde. 

Même si le personnel médical se veut rassurant, une prise de sang est proposée à tous les parents d’élèves qui le souhaitent, dans le but de rechercher plusieurs pathologies : VIH, hépatite…

L’alerte a été donnée vers midi par le personnel de l’école qui regroupe 280 enfants, après la manipulation par des enfants d’une seringue souillée « contenant un résidu de liquide », selon l’enquête qui a été confiée à la brigade des mineurs de Seine-Saint-Denis. Trois enfants, dont deux fillettes de 6 et 7 ans, piquées aux mains, ont été envoyés à l’hôpital. La seringue sera analysée. Cinq autres seringues et compresses ont été trouvées par la police dans un buisson proche de l’école.

Le bouche-à- oreille a fait souffler un vent de panique chez les parents. Une quinzaine de mamans se sont retrouvées dans l’école, avec l’équipe enseignante, le premier adjoint, le directeur de cabinet du maire, la représentante de l’Education nationale, pour exiger qu’une cellule de  soit mise en place dans la soirée. « Mon enfant, c’est ce que j’ai de plus cher », soupire une maman.

A l’angoisse s’est mêlée la colère de parents qui auraient espéré que la mairie remplace la grille de l’école par une clôture totalement obturée. A la rentrée déjà, des seringues avaient été trouvées sur la voiture d’une enseignante. Hier, la mairie s’est engagée à poser des pare-vent.

A trois jours de la grande fête de l’école, l’établissement se transforme en foire d’empoigne sous le regard des autorités, du vice-procureur, des policiers, des enseignants, des journalistes. Et des enfants, pour certains apeurés à l’idée de subir une prise de sang. Le maire est pris à parti, accusé, insulté. « Avec plus d’employés, on pourrait nettoyer encore davantage, mais le problème c’est la drogue et la réapparition des toxicomanes avec le départ des CRS (NDLR : en mai 2012 après un an de présence). Depuis vendredi, les CRS ont repris le chemin de Sevran, comme s’y est engagé Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, qui s’est rendu aux Beaudottes pour répondre à l’appel au secours de ces habitants. « Il faut que l’Etat comprenne qu’on est à bout! » hurle une maman. « Si nos enfants ne s’étaient pas piqués ici, ils se seraient piqués dans nos immeubles, ici, c’est un supermarché de la drogue à ciel ouvert », déplore le papa de deux enfants à qui il conseille depuis longtemps de ne pas toucher aux seringues.
Le Parisien