jeudi 11 avril 2013


Intoxications dans l'Hérault : alerte toxique sur les moules d’Espagne

JEAN-PIERRE LACAN
11/04/2013
Depuis le 2 avril, deux bassins de Galice sont contaminés par une algue toxique.
Depuis le 2 avril, deux bassins de Galice sont contaminés par une algue toxique. (Photo S. C.)
Dimanche au déjeuner, ils avaient commandé des moules d'Espagne et tous deux ont été malades : diarrhées, vomissements... les symptômes classiques mais aigus d’une intoxication alimentaire. Plusieurs cas d'intoxication ont été recensés dans l'Hérault.
Cette restauratrice du Vigan qui s’était approvisionnée dans un supermarché voisin a d’abord été alertée lundi par les appels de deux clients. Dimanche au déjeuner, ils avaient commandé des moules et tous deux ont été malades : diarrhées, vomissements... les symptômes classiques mais aigus d’une intoxication alimentaire.
"Contamination potentielle en toxine amnésiante"
"J’ai alors téléphoné à tous ceux à qui j’ai servi des moules ce week-end. La plupart - entre dix et quinze - m’ont avoué qu’ils avaient été malades." La restauratrice s’est donc rendue hier au supermarché : l’Intermarché d’Avèze : "Ils m’ont dit qu’il y avait un problème sur les moules d’Espagne et m’ont donné une affiche d’information aux consommateurs." L’affiche, la restauratrice nous l’a envoyée. Elle évoque le retrait des coquillages espagnols "achetés entre le 3 et le 8 avril" en raison d’une "contamination potentielle en toxine ASP (toxine amnésiante)" et invite les personnes présentant des troubles digestifs à consulter un médecin.
 Le risque zéro n’existant pas
Intermarché s’approvisionne, via sa plateforme Scamer, auprès de quatre importateurs, tous situés dans l’Hérault. L’un d’eux confirme l’existence du problème : "Nous avons reçu un message sanitaire mercredi vers 18 h. Scamer, qui a fait les vérifications de traçabilité, nous a dit que nous n’étions pas concernés par des retraits. En ce qui nous concerne, avec nos propres autocontrôles, nous allons au-delà de ce qu’exigent les services sanitaires. Le risque zéro n’existant pas, nous avons arrêté toute importation d’Espagne dès que nous avons appris la contamination d’un grand nombre de bassins de production."
Les lots suspects ont été récoltés le 28 mars 
Caroline Medous, directrice départementale pour l’Hérault de la protection des populations (DDPP), confirme que son département est bien à l’origine de la remontée des informations vers les autorités sanitaires nationales mais un cinquième importateur basé en Gironde fait également l’objet d’une enquête de traçabilité sur ses coquillages.
Les lots suspects ont été récoltés le 28 mars dans l’une des deux grandes rias de Galice qui produit les deux tiers des moules espagnoles. Selon Caroline Medous, le 2 avril, elles ont été déclarées contaminées par une efflorescence importante de dinophysis, une micro-algue qui contient la toxine diarrhéique DSP. Elles sont fermées depuis.
l’Espagne de fournir la liste de l’ensemble des lots exportés
Selon l’administration, la communication d’Intermarché sur la toxine amnésiante ASP serait une erreur. Il faudra toutefois attendre le résultat des analyses en cours pour être totalement certain de la nature de la toxicité. "Nous sommes au tout début", indique-t-on à l’Institut national de veille sanitaire (INVS).
De fait, ce n’est que mardi en fin d’après-midi, devant le nombre des déclarations d’intoxications collectives, qu’a été lancée une alerte nationale. Les deux chaînes de la grande distribution ont alors procédé au retrait et au rappel des coquillages et une demande officielle a été faite à l’Espagne de fournir la liste de l’ensemble des lots exportés depuis les deux rias contaminées.