
Pour sa seconde vie après l'accident qui l'a handicapé, le télescope spatial Kepler vient de faire une nouvelle découverte prometteuse : trois planètes de tailles proches de celle de la Terre, orbitant autour d'une naine rouge à 150 années-lumière. Il va même pouvoir étudier... leurs atmosphères !
L'étoile se nomme EPIC 201367065, une naine rouge de type M, le type d'étoile le plus courant dans l'univers. Les trois planètes détectées jusqu'ici seraient ce que l'on nomme des "super-terres" : des planètes rocheuses de taille relativement proche de notre bonne vieille Terre. Dans ce cas précis, elles font respectivement 2,1, 1,7 et 1,5 fois la taille de la Terre. Mieux encore, la plus éloignée, qui est aussi la plus petite, se trouve dans la fameuse "zone habitable" qui permet théoriquement la présence d'eau liquide à sa surface, et est exposée à un rayonnement solaire égal à 1,4 fois celui que nous recevons sur notre planète.
Ressemble-t-elle à Vénus, à la Terre, ou est-elle une boule de roc stérile, nous n'en savons encore rien, mais nous pourrions bientôt avoir des éléments de réponse.
La découverte de ce système à trois planètes, réalisée par une équipe d'astronomes américains à partir des données de Kepler (et qui fait l'objet d'une étude soumise pour publication à l'Astrophysical Journal), ouvre en effet la porte à l'étude des atmosphères qui pourraient les entourer. Deux éléments rendent cela possible :
- La proximité relative du système en question. A 150 années-lumière, c'est presque un voisin, la plupart des autres exoplanètes découvertes jusqu'ici se trouvent à plusieurs centaines d'années-lumière
- Le fait que ces planètes ont été découvertes par la méthode des transits. Il existe en effet plusieurs manières de découvrir les planètes orbitant autour d'autres étoiles, certaines étant indirectes... La méthode des transits permet de réellement "voir" la planète si l'on dispose d'instruments suffisamment puissants : cela signifie en effet que le plan de leur orbite est incliné de telle manière qu'elles vont passer régulièrement devant leur soleil par rapport à la Terre.
Pour Erik Petigura, de l'université de Berkeley, co-auteur de l'étude, "il y a une réelle possibilité que la plus externe des planètes soit rocheuse comme la Terre, ce qui veut dire que cette planète pourrait avoir la bonne température pour héberger des océans d'eau liquide".
Pour le savoir, il faudra donc attendre, mais l'importance de ces observations est immense. "Une atmosphère fine faite d'azote et d'oxygène a permis à la vie de se développer sur Terre," explique Ian crossfield, de l'université de l'Arizona, auteur principal de l'étude. "Mais la nature est pleine de surprises. Beaucoup d'exoplanètes découvertes par la mission Kepler sont enveloppées d'atmosphères épaisses et riches en hydrogène, qui sont probablement incompatibles avec la vie telle que nous la connaissons".
Les éléments sur l'atmosphère de EPIC 201367065 D (la lettre attribuée à la troisième planète) et de ses deux "soeurs" vont nécessiter d'autres observations, dont certaines devraient être réalisées avec le télescope spatial Hubble. Ces études devront trouver les "empreintes digitales" des molécules de l'atmosphère de ces trois planètes, en étudiant la lumière qu'elles émettent. On saura alors si elles possèdent quelque chose qui ressemble à notre air...
Crédit image : vue d'artiste de trois planètes orbitant autour d'un soleil rouge (NASA/JPL-Caltech)