Une équipe montpelliéraine du groupe Egis participe au projet de gestion des infrastructures pour la restauration écologique du littoral (Girel).
Dans tous les ports du monde creusés dans les petits fonds côtiers, les murs et les parois des quais sont lisses, tout lisses. Impossible pour les larves de poissons arrivant du large d’y trouver refuge pour grandir en toute sérénité jusqu’à atteindre la taille suffisante pour affronter la mer.
Le programme Girel, Gestion des infrastructures pour la restauration écologique du littoral, a été initié en 2010 par l’Agence de l’eau et le Grand port maritime de Marseille*. Il a pour objectif de recréer en partie les écosystèmes dégradés par l’installation humaine.
Début juillet, les premières structures créées par la société Egis ont été immergées. « Notre but est de développer le potentiel écologique des ouvrages du port en apportant sur les digues et les quais des modules de récifs artificiels pour recréer un habitat pour les poissons juvéniles, explique Matthieu Lapinski, ingénieur écologue. Nous travaillons sur le développement de la fonctionnalité de nourricerie. Autrement dit, nous tentons d’offrir le gîte, le couvert et la protection contre les prédateurs aux petits poissons pour permettre leur survie. »
Oursins et herbiers artificiels
L’équipe montpelliéraine a ainsi mis au point deux écorécifs inspirés directement de la nature : l’oursin géant et la roselière. Le premier « offre un abri installé sur les rochers des digues qui présentent des cavités beaucoup trop grosses pour mettre à l’abri de petits poissons ».
La roselière, quant à elle, forme de véritables herbiers sous-marins artificiels. « Cette installation, comme l’oursin, a été conçue en biomimétisme avec les mangroves et les herbiers de posidonie qui sont des nurseries naturelles dans les écosystèmes préservés. »
La première phase du projet s’est achevée voilà tout juste deux semaines. Près de 150 mètres cubes de micro-habitats ont été déployés afin d’équiper 240 mètres linéaires de quais et de digues dans les bassins Est et Ouest du grand port maritime de Marseille-Fos.
Débute à présent leur suivi scientifique régulier réalisé par vidéo et en direct par des plongeurs afin de contrôler l’efficacité des installations en fonction des différentes conditions rencontrées in situ. « C’est également l’occasion d’en savoir plus sur les mécanismes d’installation des larves et petits poissons, qui sont encore méconnus », précise Matthieu Lapinski.
En parallèle de la société Egis, d’autres partenaires sont chargés de missions complémentaires. Safege et Ecomer réalisent un test à grande échelle de la transplantation d’algues du genre Cystoseira et le projet Biorestore mène en association une campagne de capture et de culture de larves, d’habitats d’émancipation (par la Lyonnaise des Eaux, Ecocean et Cefrem) et de revêtements de quai (lire notre édition de lundi 28 juillet).
Tout un programme pour reconstruire des nids douillets là où les ports n’offrent qu’un environnement hostile.
Hélène gosselin
http://www.lamarseillaise.fr/herault-du-jour/developpement-durable/30292-quand-le-port-se-transforme-en-nurserie-pour-jeunes-poissons