mercredi 18 septembre 2013

Mèze : nurseries à poissons, le succès d’un vivier

Un millier de larves d’hippocampes ! En seulement six mois ce poisson mythique a recoloniséle port de Mèze.
Un millier de larves d’hippocampes ! En seulement six mois ce poisson mythique a recoloniséle port de Mèze. (CEFREN)
Un millier de larves d’hippocampes ! En seulement six mois, ce poisson mythique, secret et craintif, a recolonisé le port de Mèze et l'étang de Thau dans l'Hérault.
Une partie a grandi dans des “biohuts”, nurseries uniques de 80 cm de haut sur 50 cm de large, mises au point par la société Écocéan, PME montpelliéraine, lauréate du projet Nappex et posées contre les quais (lire ci-dessous). Mèze est l’un des six sites pilotes équipés de ces habitats inaugurés mercredi matin. "Il y a pas mal de larves et elles survivent plus longtemps", confie Yann Guais, d’Écocéan. Les premiers résultats sont "encourageants", confient Reda Neveu et Anaïs Gudefin, assistants ingénieurs au Centre de formation et de recherche sur les environnements méditerranéens (Cefren), laboratoire de l’université de Perpignan. La biodiversité adore ces habitats. Les deux chercheurs ont comptabilisé des poissons bien sûr : des sars à tête noire, commun ou à museau pointu, sparidés... Mais aussi des espèces moins attendues : moules, oursins, crabes et même crevettes !
 jeunes adultes, ils rejoindront  leurs habitats traditionnels, en mer.
Au total, depuis mars, les deux plongeurs ont dénombré 12 000 individus et au moins 23 espèces présentes dans les nurseries. Celles-ci pourraient être l’un des remèdes à la raréfaction de la ressource. Au regard du nombre de quais en France, le marché semble colossal. Le ministère de l’Écologie fonde beaucoup d’espoir dans ce projet et dans l’émergence d’une filière avec un "potentiel certain". Le but : que les poissons - clavières, sars, girelles... - une fois devenus jeunes adultes, arrivent à rejoindre leurs habitats traditionnels, en mer. Car la mortalité des juvéniles est très importante, les enrochements étant souvent insuffisants et les quais trop lisses pour s’y accrocher et mettre les juvéniles à l’abri. Nombre d’espèces se sentent bien dans les ports. La lumière et le bruit rassurant des vagues, entre autres.
SIX PORTS

Pas moins de 198 cages, dotées d’un substrat de coquilles d’huîtres vides servant d’anfractuosités, équipent six ports : Mèze, Port-Vendres, le Barcarès, le Cap d’Agde et Six-Fours (Var). L’objectif est de généraliser le procédé. Écocéan est l’une des 62 sociétés lauréates en France - seule en Méditerranée - de l’appel à projets lancé en 2012 par le ministère de l’Écologie dans le cadre d’une stratégie de protection de la biodiversité. Le projet est estimé à 450 000 €. L’Agence de l’eau apporte 300 000 € et le département de l’Hérault 42 000 €.

OLIVIER SCHLAMA
source : Midi Libre