mardi 11 juin 2013

Languedoc-Roussillon : le bio s'installe dans les cantines scolaires.

Les cantines scolaires, enjeu majeur pour les producteurs bio de la région.
Les cantines scolaires, enjeu majeur pour les producteurs bio de la région. (YVES ESTIVALS)
D’ici 2017, 20 % des produits de la restauration collective devront être issus de l’agriculture biologique. La région s’y prépare.
L’agriculture bio se porte bien en Languedoc-Roussillon, très bien même. La région est sur les plus hautes marches du podium : deuxième derrière Rhône-Alpes en nombre de producteurs (2 633 en 2012 soit un bond de 4 % sur un an), troisième derrière Midi-Pyrénées et Pays de la Loire en superficies : 93 654 ha (labellisées et en conversion) avec la plus forte progression du pays soit 26 % de 2011 en 2012. 10 % de la surface agricole est en bio contre seulement 4 % dans l’Hexagone... Boostée par les viticulteurs qui trouvent là les moyens de vendre à de meilleurs prix, la progression de l’agriculture biologique devrait se poursuivre longtemps encore.
Le plan "Ambition bio 2017" 
Au moins jusqu’en 2017 ! Car les pouvoirs publics voient dans le bio le “New Deal” de l’agriculture française. Une agriculture réconciliée avec son environnement, qui ne polluerait plus aux nitrates les baies de Bretagne et aux pesticides les nappes phréatiques du Languedoc-Roussillon. Avec son plan "Ambition bio 2017" dévoilé fin mai, le ministre Stéphane Le Foll vise le doublement des surfaces d’ici 4 ans et met le paquet pour y parvenir : 160 M€ par an, crédits européens y compris avec priorité aux zones où l’eau est un enjeu majeur.
Mais comme il ne suffit pas de produire mais qu’il faut aussi vendre, l’État entend assumer sa part : en 2017, 20 % des produits de la restauration collective d’État devront être issus de l’agriculture bio, a décrété le ministre.
Un budget de plus en plus important
Mardi à Palavas, la conquête des cantines était donc au centre des débats lors de l’assemblée générale de Sud & Bio Languedoc-Roussillon qui regroupe tous les partenaires du bio régional, producteurs, transformateurs, metteurs en marché...
Pour son président, l’Héraultais Jean-Luc Malicorne, l’enjeu est de taille mais la partie s’annonce difficile : "La majorité des structures de la restauration collective sont de petites tailles : 52 % servent moins de 200 repas par jour et la plupart font du coup par coup : 2 % seulement proposent des menus entièrement bio tous les jours. Tant que les choses ne bougeront pas de leur côté, notre filière aura bien du mal à répondre à leurs attentes mais nous allons nous organiser", jure-t-il.
Les choses devraient bouger cependant. Car les établissements de la région consacrent de plus en plus de budget à leurs approvisionnements en bio. Une étude de l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier montre que cette part a plus que doublé en deux ans.
Un enjeu de taille pour les maraîchers et les arboriculteurs
Et 20 % de bio dans les assiettes des cantines, c’est l’ouverture d’un vaste marché, bien au-delà des limites de ce que peut fournir aujourd’hui la filière régionale. Il faudrait, pour qu’elle puisse le couvrir à elle seule, multiplier par 4 la production de lait, par 7 celle des yaourts, par 10 celle des fromages, par 600 celle du pain ! Des objectifs inatteignables sauf pour les arboriculteurs et les maraîchers, l’un des gros bataillons de l’agriculture biologique en Languedoc-Roussillon. 20 % de fruits en restauration collective équivalent à 4 160 tonnes par an pour une production locale de 43 830 tonnes ; 20 % de légumes correspondent à 6 850 tonnes pour 22 650 tonnes récoltées ici.
Si, pour ces deux productions, l’approvisionnement est déjà largement régional (59 % pour les fruits, 56 % pour les légumes), l’objectif fixé par le ministre ouvre un beau terrain de conquête aux arboriculteurs et aux maraîchers du Languedoc-Roussillon.
JEAN-PIERRE LACAN
Midi Libre