samedi 9 avril 2016

43 loups ont déjà été tués en France, contre l'avis des Français et en infraction avec la loi (vidéo)

loup-sauvage-Alpes

La chasse aux loups continue en France, au mépris de la loi
et de l'avis des Français. Ainsi, la Ministre de l'écologie vient de publier
deux arrêtés fixant les conditions de tirs et le nombre de loups pouvant être
tués pour la période 2015-2016. Ces mesures entérinent une politique de
destruction dictée par les lobbies agricoles et de la chasse. Plusieurs
associations de défense des animaux et de la biodiversité demandent le retrait
de ces arrêtés et portent plainte contre la France.

En France, depuis le début des années 1990, le loup[1]
recolonise naturellement des territoires d'où il avait été chassé il y a un
siècle. Cette reconquête suscite de vives polémiques qui opposent les éleveurs
et chasseurs aux protecteurs des animaux.

Rappelons qu'en France, le loup (canis lupus) est
officiellement une espèce strictement protégée. Malgré cela, des loups sont
toujours régulièrement abattus sur dérogation préfectorale alors qu'ils sont
déjà victimes du braconnage et des empoisonnements.

De nouveau, Ségolène Royal, la Ministre de l'écologie, du
développement durable et de l'énergie, a pris deux arrêtés datés du 30 juin
2015 :

l'un fixant les conditions et limites dans lesquelles des
dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les
préfets concernant le loup (Canis lupus) ;
l'autre fixant le nombre maximum de spécimens de loups
(Canis lupus) dont la destruction pourra être autorisée pour la période
2015-2016.
Ces arrêtés dépassent largement le cadre de la
"défense" à l'égard d'éventuels loups qui rôderaient autour des
troupeaux puisqu'ils peuvent désormais être abattus :

même si le bétail n'a pas été attaqué et n'est pas menacé ;
même si le bétail n'est pas protégé,
jusqu'à six mois après le constat de "dommages
importants et récurrents d'une année à l'autre dans les élevages ayant mis en
œuvre les tirs de défense" et dans la mesure où les troupeaux demeurent
dans les conditions où ils sont exposés à la prédation du loup".
Pire, les tirs sont possibles jusque dans le cœur des parcs
nationaux, alors que la chasse y est normalement non autorisée (sauf celui des
Cévennes). D'un autre côté, les éleveurs continuent d'être subventionnés et
indemnisés sans contrepartie ni incitation à protéger leur troupeau.

Le nombre de loups pouvant être tués en 2015-2016 augmente
de 24 à 36, alors que la population de loups est en baisse d'après le suivi
officiel (ONCFS : 301 loups estimés en 2014, 282 loups en 2015). "Les
abattages (19 légaux en 2014-2015) ont pourtant montré leur inefficacité depuis
des années puisqu'ils n'empêchent par les attaques de continuer sur les
troupeaux insuffisamment protégés qui concentrent l'essentiel de la
prédation", souligne le collectif.

En outre, ces arrêtés ont été pris alors qu'ils avaient été
massivement rejetés par les citoyens lors de la consultation publique de juin
2015. En fait, près de 80 % des Français rejettent la chasse au loup : un sondage
IFOP réalisé fin 2013 pour les associations ASPAS et One Voice, montre que 76 %
des Français considèrent que le loup a toute sa place dans la nature en France,
et que 80 % sont farouchement opposés à son éradication. De même, plus de 77 %
des internautes du site notre-planete.info sont défavorables à la chasse aux
loups selon un sondage de juin 2014.

Pour les 32 associations membres de CAP Loup, "l'État
obéit aux syndicats agricoles et au monde de la chasse, par des mesures
contraires à toute idée de coexistence entre le loup et l'élevage." C'est
pourquoi, ces associations ont demandé, depuis un an à rencontrer Ségolène
Royal pour lui faire part de leurs propositions en faveur d'une meilleure
cohabitation entre le loup et le pastoralisme. Malheureusement, la Ministre de
l'écologie refuse de recevoir les associations écologistes, tandis qu'elle
reçoit les syndicats anti-loups et applique leurs doléances.

"En organisant une chasse aux loups qui met en péril le
retour de l'espèce au niveau national et sans chercher à favoriser la
coexistence avec les activités agricoles, l'État met la France en infraction
par rapport à la convention de Berne et à la Directive Habitats-Faune-Flore.
Nos associations portent donc plainte contre la France auprès de la Commission
européenne", concluent les associations de CAP Loup qui ont également
lancé une pétition.

Les loups sont abattus

Quatre loups ont été abattus dans les Alpes le week-end du
17 octobre 2015, alors qu'il n'y a plus de troupeaux en alpage à partir du 15
octobre et donc plus de risque...

Depuis le 1er juillet 2015, 43 loups sont morts : chassés ou
tués plus ou moins volontairement. Le dernier en date est une "louve
trouvée morte le 21 février 2015 en Savoie, sur la route à
Saint-Rémy-de-Maurienne, vraisemblablement percutée par un véhicule. Sa
dépouille a été récupérée par les services de l'État. Des analyses doivent être
effectuées pour déterminer si elle a préalablement été empoisonnée, comme c'est
parfois le cas pour des loups victimes de collisions routières." précise
Cap Loup dans un communiqué qui liste tous les loups morts depuis juillet 2015.

Officiellement, le nombre maximum de loups pouvant être
abattus est de 36 et risque d'être porté à 42 jusqu'en juin 2016, sans aucune
considération des loups déjà morts accidentellement. Ce projet d'arrêté est en
consultation publique sur le site du ministère où chacun peut donner son
avis...



Les associations de défense du loup rappellent que "Le
loup est une espèce protégée. La France ne peut déroger à cette protection qu'à
la triple condition de l'existence de dommages importants à l'élevage, de
l'absence d'autre solution satisfaisante, du maintien, dans un état de
conservation favorable, des populations de l'espèce dans son aire de
répartition naturelle." Vu que ces conditions ne sont pas réunies, elles
"ne baissent pas les bras et vont se pourvoir en cassation devant le Conseil
d'Etat."










"Ces images exceptionnelles montrent
cinq louveteaux, filmés par un appareil automatique, quelque part dans une
forêt des Alpes. Ils sont âgés d'à peine 2,5 mois et jouent paisiblement. Ils
sont extrêmement vulnérables : si ils sont découverts ou si leurs parents sont
tués, ils ne survivront pas seuls. Parmi toutes les crottes de loups examinées
sur place, aucune ne contenait un reste de mouton, malgré la présence aux
alentours de troupeaux de brebis non protégés. Ces louveteaux sont nourris par
leurs parents avec leurs proies naturelles, des ongulés sauvages. La politique
des « tirs de prélèvement » est décidément absurde et révoltante", s'indigne
CAP Loup.

Comment la France peut-elle donner des
leçons au monde sur la biodiversité et la préservation des espèces sauvages
alors que notre gouvernement s'emploie à détruire la présence, très limitée, du
loup sur son territoire ? La France n'a décidément rien appris de son histoire
et rien compris des grands enjeux environnementaux de ce siècle.

Notes
Le loup (Canis lupus) a l'aspect d'un
chien-loup avec des yeux obliques, jaune d'or, les oreilles dressées et plutôt
courtes. Le cou et les épaules sont puissants, garnis d'une crinière érectile,
l'arrière train est plus bas et la queue touffue pend jusqu'aux talons. La
couleur du pelage est assez variable, fauve gris jaunâtre mêlé de noir,
toujours plus claire dessous. L'animal présente un léger dimorphisme sexuel :
le mâle mesure 100 à 130 cm et la femelle 87 à 117 cm pour une masse
respectivement de 25 à 30 kg et de 30 à 35 kg pour les loups d'origine
italienne, qui ont recolonisé la France et qui appartiennent à la sous-espèce
Canis lupus italicus, un peu plus petite que la forme d'Europe centrale. Le
loup est (était) répandu sur l'ensemble de l'hémisphère nord (régions
Néarctique et Paléarctique), y compris en Afrique du Nord au moins depuis le
début du Pléistocène. Ubiquiste, il s'est adapté à tous les milieux, depuis le
désert dans la péninsule arabique, les steppes chaudes et froides d'Asie
centrale, certaines forêts de la péninsule indienne, les forêts tempérées et
boréales, de plaine ou de montagne, la toundra ainsi que le désert arctique. On
en retrouve des restes paléontologiques et archéologiques à des époques
correspondant à des paysages et à des climats très variés. Le loup est à
l'origine du chien domestique, premier animal domestiqué par les humains, il y
a au moins 15000 ans (Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la
biodiversité)



Christophe Magdelaine / notre-planete.info

03 juillet 2015 ; révision : 30 mars 2016


Source : notre-planete.info,
http://www.notre-planete.info/actualites/4307-France-abattage-loups