Des spéléologues cherchaient l’entrée de la cavité, quand
ils sont tombés sur un os.
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Une équipe de spéléologues a remonté les restes de plus
d'une trentaine de chiens, ce samedi 26 mars, à Brissac (Hérault).
Une équipe de spéléologues du club de Ganges s'est affairée
toute la matinée, samedi 26 mars, autour de l'aven Goupil, situé dans la
commune de Brissac. Leur mission peu ragoûtante : remonter à la surface, à
l'aide de grands sacs, les restes de dizaines de chiens, jetés là par 18 à 20 m
de fond.
"J'ai estimé qu'il devait y avoir une
trentaine de chiens"
La découverte macabre remonte à trois semaines, alors que
ces passionnés d'exploration souterraine cherchaient l'entrée de cet aven à
peine défloré, à la limite de la commune de Cazhillac. Non loin de l'aire
d'envol du roc Blanc.
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À l’occasion d’une exploration...
L’aven Goupil, dans la commune de Brissac, a été découvert
en 1954. Mais les spéléologues du club de Ganges cherchaient son entrée depuis
deux ans. « On avait des coordonnées mais elles étaient fausses », explique
Chris-Valéry Leynaud, le président de la structure. Quand ils ont fini par
trouver, la magie a immédiatement disparu avec la découverte de ce
charnier canin.
Chargés de la protection du milieu souterrain dans les
statuts de leur association, ces spéléologues ont donc été mobilisés, hier
samedi, pour nettoyer le site. Comme l’avait fait un autre club en 1995, « à
Gorniès, pour un charnier de chiens de laboratoire », se souvient Chris-Valéry
Leynaud. Hier, au moyen de cordages et d’un palan, six hommes ont réalisé
un travail ingrat en remontant à la surface les restes des animaux,
conditionnés dans des sacs. Puis ils ont refermé l’aven en installant un
grillage pour éviter toute nouvelle intrusion dans la cavité.
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Une tache de sang devant le trou les a intrigués. À
l'intérieur de la cavité, ils tombent sur un chien mort depuis à peine quelques
semaines. Dessous, de nombreux poils et ossements. "J'ai estimé qu'il
devait y avoir une trentaine de chiens", se souvient Chris-Valéry Leynaud,
le président du club.
Dépollution du site
La mairie a été immédiatement saisie, tout comme la
gendarmerie et l'agence régionale de santé. La zone figurant au sein du
périmètre éloigné de protection des sources de Brissac qui alimentent les
communes alentour en eau potable, une opération de "dépollution" a
été engagée hier. Il a fallu défricher pour ouvrir un sentier d'accès à la
cavité.
"C'est la première fois qu'une chose comme ça me
tombe dessus"
Finalement, ce sont 34 crânes et dépouilles de canidés, dont
certaines enfermées dans des sacs poubelle, qui ont été extraits de cette veine
de karst, sous l'œil des militaires et de deux adjoints municipaux.
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Avant d'être remis au vétérinaire de Ganges, chargé des
autopsies. "Je suis élu depuis deux mandats, c'est la première fois qu'une
chose comme ça me tombe dessus. Je suis scandalisé", déclare le maire de
Brissac, Jean-Claude Rodriguez, qui annonce qu'il va déposer plainte, tout
comme devrait le faire le propriétaire privé du site de l'aven.
Les frais à la charge de la collectivité
Si certains regards se tournent vers la communauté des
chasseurs, ceux-ci, par la voix du président de la Diane de Brissac, ont
souhaité condamner ces actes. "C'est honteux, juge Franck Ghisalberti,
propriétaire d'une dizaine de chiens. Il ne faut pas avoir de figure pour faire
ça. Je réponds des chasseurs de la commune, je sais qu'ils ne se permettraient
pas de faire une chose pareille."
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Françoise Sidobre, présidente de l'association Perle, qui
gère le refuge pour animaux au mas de Lamalou, à Brissac, est sous le choc.
"Je suis révoltée, dit-elle. On se débrouille toujours pour répondre à la
demande, accueillir les animaux que les gens abandonnent." Mais là,
quelqu'un a visiblement décidé de se passer d'association ou de vétérinaire. En
attendant, les frais de curage de l'aven, de vétérinaire et d'équarrissage
seront pris en charge par la collectivité.
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Un équarrissage sauvage ?
Les gendarmes de la compagnie de Lodève ont ouvert une
enquête. Selon les premiers éléments relevés sur les lieux, le décès des chiens
pourrait remonter à six mois pour le plus récent. À plusieurs années, pour
les plus anciens. Le vétérinaire de Ganges sera désormais chargé d’examiner les
dépouilles afin de déterminer avec plus de précision la date et les causes
de la mort de ces animaux, ainsi que leur race.
Si des puces sont retrouvées, elles pourraient aussi
permettre de remonter jusqu’aux auteurs de ces faits. Les chiens ne
sont pas arrivés là par accident car plusieurs carcasses étaient conditionnées
dans des sacs poubelle. L’une des pistes étudiées par les enquêteurs
serait que les propriétaires légaux ou non de ces bêtes auraient
pu s’en débarrasser à cet endroit pour éviter de payer les frais
générés par la procédure d’équarrissage lorsqu’un animal domestique meurt,
procédure qui nécessite l’intervention d’un professionnel.
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HÉLÈNE AMIRAUX
Source : Midi Libre