dimanche 27 septembre 2015

Éclipse de lune du 28 septembre : où, quand et comment l’observer ou la photographier

Durant la nuit du dimanche 27 au lundi 28 septembre, la Pleine Lune traverse l’ombre de la Terre et c’est l’occasion d’admirer une superbe éclipse totale. Voici les horaires précis du phénomène, les sites ouverts au public et les méthodes d’observation.
En bref : l’éclipse totale de lune se déroule lundi 28 septembre 2015 entre 2 h 11 min et 7 h 22 min, heure de Paris (TU + 2 heures) ; la Pleine Lune circule au-dessus de l’horizon sud à ouest lors du phénomène ; il y a des sites d’observations pour le public dans toute la France métropolitaine ; on peut observer une éclipse totale de Lune sans crainte à l’œil nu et c’est encore plus beau avec des jumelles ou un télescope.
Trois instants d'une éclipse totale de luneTrois instants d'une éclipse totale de lune.
© Guillaume Cannat
Dimanche 27 septembre en fin d’après-midi, juste avant le coucher du Soleil, une belle et grosse Pleine Lune s’élève au-dessus de l’horizon est. Pour les anglo-saxons, et les fans de Neil Young, c’est la Pleine Lune des récoltes – Harvest Moon–, c’est-à-dire celle qui se produit au plus près de l’équinoxe d’automne dans l’hémisphère Nord. Elle a deux particularités cette année : elle arrive alors que notre satellite circule au plus près de la Terre et elle nous offre le magnifique spectacle naturel et gratuit d’une éclipse totale. Comme je l’explique dans mon billet précédent,que vous pouvez lire en suivant ce lien, le fait de passer au plus près de la Terre, son périgée, à moins de 357 000 kilomètres de distance, permet à la Lune de nous offrir son plus gros diamètre apparent, 33,5 minutes d’arc, soit 0,56°. Bon, ce n’est tout de même pas gigantesque puisque, avec le bout de votre petit doigt bras tendu vous pouvez cacher près de 1° sur le ciel. La seconde particularité de cette Pleine Lune est bien plus intéressante, puisqu’elle circule aujourd’hui dans le même plan que la Terre autour du Soleil – le plan de l’écliptique – et qu’elle va donc traverser l’ombre de notre planète et s’éclipser.


Quand ?

Durant toute la première partie de la nuit du dimanche 27 au lundi 28 septembre, le disque lunaire est éblouissant car notre satellite est encore loin de l’ombre terrestre.L’éclipse débute le lundi 28 septembre à 2 h 11 min, heure légale pour la France métropolitaine, soit 0 h 11 min en temps universel. Je précise que l’horaire en temps universel est valable quel que soit votre site d’observation dans la zone de visibilité du phénomène (consultez la carte de visibilité mondiale ici), vous devez juste tenir compte de votre décalage horaire pour obtenir l’heure légale des différentes étapes pour vous. Le début de l’éclipse est le moment où la Lune aborde la zone de pénombre qui entoure le cône d’ombre de la Terre et qui correspond à la région de l’espace d’où le Soleil est partiellement caché par le globe terrestre. La baisse de luminosité de la surface lunaire est progressive alors qu’elle s’enfonce dans la pénombre, elle n’est pas spectaculaire à l’œil nu, mais il est facile de la mettre en évidence photographiquement en gardant le même temps de pose et en réalisant plusieurs images à quelques minutes d’écart.
Le phénomène devient beaucoup plus intéressant lorsque la Lune entre en contact avec le bord de l’ombre terrestre à partir de 3 h 07 min (1 h 07 min TU). L’échancrure noire qui se matérialise sur le limbe de Séléné est rapidement visible au nord de l’océan des Tempêtes – en haut à gauche du globe lunaire si vous observez à l’œil nu – et sa courbure est évidente. Il y a plus de deux millénaires, l’observation de la courbure de l’ombre terrestre sur la Lune lors des éclipses a conduit les Grecs à accepter l’idée de la rotondité de notre planète. Notre belle lune se situe alors à une quarantaine de degrés de hauteur au-dessus de l’horizon sud-sud-ouest, c’est-à-dire pratiquement à mi-distance entre l’horizon et le zénith. Elle est donc aisément repérable dans le ciel en choisissant un site d’observation dégagé (pas d’arbres, de collines ou de bâtiments).
L'éclipse totale de lune du 28 septembre 2015
Ce schéma vous montre la trajectoire de la Lune à l’intérieur de la pénombre et de l’ombre de la Terre lors de l’éclipse totale du lundi 28 septembre 2015. Le diamètre du cône d’ombre de la Terre à la distance de la Lune lors de cette éclipse est de 9 600 kilomètres ; le diamètre équatorial de la Lune est de 3 476 kilomètres. Les chiffres signalent les principales étapes de ce rendez-vous. Si vous n’êtes pas en France métropolitaine, utilisez les horaires en temps universel et appliquez votre décalage horaire :
  1. Entrée dans la pénombre à partir de 2 h 11 min, heure de Paris, soit 0 h 11 min en temps universel
  2. Entrée dans l’ombre à partir de 3 h 07 min (1 h 07 min TU)
  3. Début de la totalité à 4 h 11 min (2 h 11 min TU)
  4. Milieu de la totalité à 4 h 48 min (2 h 47 min TU)
  5. Fin de la totalité à 5 h 23 min (3 h 23 min TU)
  6. Sortie de l’ombre jusqu'à 6 h 27 min (4 h 27 min TU)
  7. Sortie de la pénombre jusqu'à 7 h 22 min (5 h 22 min TU)

La totalité commence peu après 4 h 11 min
 (2 h 11 min TU) lorsque l’ensemble du disque lunaire est plongé dans l’ombre de notre planète et elle dure 72 minutes, jusqu’à 5 h 23 min (3 h 23 min TU).
Le maximum de l’éclipse, le moment où le centre du disque lunaire passe au plus près du centre de l’ombre, se produit vers 4 h 47 min (2 h 47 min TU). Lorsque la Lune commence à sortir de l’ombre, vers 5 h 23 m, elle trône encore à près de 25 degrés au-dessus de l’horizon ouest-sud-ouest, soit plus que la hauteur de votre main grande ouverte et bras tendu devant vous. Il lui faut une petite heure pour quitter l’ombre, ce qui est fait à 6 h 27 min (4 h 27 min TU), et presque autant pour s’extraire de la pénombre. L’éclipse prend fin à 7 h 22 min (5 h 22 min TU), lorsque le globe lunaire éblouissant quitte la pénombre. Il surplombe alors l’horizon ouest de 5° environ et la clarté de l’aube envahit déjà la voûte céleste en France métropolitaine.

Où ?
Vous pouvez consulter la carte mondiale de visibilité de cette éclipse dans mon billet d’hier en suivant ce lien. Ce « où ? » concerne le choix de votre site d’observation pour ce rendez-vous. Le phénomène est facile à voir à l’œil nu et il se déroule en pleine nuit avant une journée de travail, vous choisirez donc peut-être tout simplement de vous lever quelques minutes au moment du maximum pour jeter un œil par la fenêtre et apprécier la coloration crépusculaire de Séléné. Assurez-vous seulement auparavant d’avoir un horizon suffisamment dégagé du sud à l’ouest, sans aucun bâtiment ou arbre pour éclipser l’éclipse.
Bien évidemment, je vous conseille de consacrer plus de temps à cette rencontre céleste et, si possible, de vous éloigner de la pollution lumineuse urbaine pour l’apprécier en pleine nature. Pour celles et ceux qui habitent à proximité de forêts fréquentées par les cerfs, la période du brame a commencé et l’ambiance sous la Lune éclipsée devrait être sympathiquement étrange (écoutez ceci) ! Consultez également votre site météo préféré pour connaître les prévisions pour la nuit de dimanche à lundi et pour éventuellement envisager un petit déplacement vers le beau temps !
Comme lors de chaque grand rendez-vous astronomique, des associations et des clubs d’astronomie se sont mobilisés dans toute la France et l’Association français d’astronomie a recensé plus d’une cinquantaine de sites et d’observatoires qui seront ouverts au public durant cette nuit de l’éclipse. Cliquez sur la carte ou ici pour accéder aux dernières mises à jour et aux informations complètes pour chaque site.
eclipse-carte France-AFA
© Association française d’astronomie


Comment ?
L’observation d’une éclipse totale de Lune ne présente aucun danger pour votre vue. Vous pouvez donc l’admirer autant que vous le désirez à l’œil nu, aux jumelles ou avec des instruments optiques plus puissants, lunettes ou télescopes. Il est important de souligner que, durant pratiquement toute la phase qui voit le disque lunaire s’enfoncer progressivement dans l’ombre (ou en sortir), et qui dure une heure environ, la coloration cuivrée de la surface lunaire n’est pas visible à l’œil nu car la zone non éclipsée est trop éblouissante. Si vous utilisez des jumelles, une lunette ou un télescope, en revanche, ou si vous photographiez la Lune, les teintes cuivrées typiques apparaissent à partir du moment où le disque lunaire est éclipsé à plus de 30-40 %. Lire ici mes explications sur l’origine des couleurs visibles sur la face sélène lors d’une éclipse totale.
Déjà spectaculaire à l’œil nu, l’observation d’une éclipse lunaire devient somptueuse dans un instrument car le grossissement permet de détailler la progression de l’ombre d’un cratère à l’autre et de guetter les variations de teintes qui peuvent apparaître tout au long du phénomène. Le liseré bleu-vert engendré par la couche d’ozone en périphérie de l’ombre est particulièrement beau durant les premières et les dernières minutes de la totalité, lorsque le bord lunaire n’est plus éblouissant.
Si vous n’avez pas d’instrument, rendez-vous sur les sites organisés par les associations pour profiter des jumelles, lunettes ou télescopes qui seront mis à votre disposition. Vous bénéficierez en plus des explications de nombreux animateurs scientifiques.

Une petite photo ?
Les téléphones ou les petits appareils numériques touchent rapidement leurs limites lorsqu’il s’agit de photographier le ciel en pleine nuit. Vous pourrez conserver un souvenir de l’ambiance de l’observation de l’éclipse, mais si vous voulez grossir pour bien voir les couleurs qui parent le globe lunaire durant la totalité, utilisez plutôt un boîtier à objectifs interchangeables. N’oubliez pas que la Lune est petite dans le ciel, même si elle nous semble impressionnante. Pour commencer à voir des détails à sa surface (cratères, mers, etc.) et mettre en valeur les couleurs de l’éclipse, un zoom ou un téléobjectif de 100 à 200 mm est vraiment un minimum.
Fixez votre appareil sur un pied photographique pour qu’il reste stable durant la pose qui peut atteindre plusieurs secondes pendant la totalité. Si vous avez un déclencheur filaire ou une télécommande, vous n’aurez pas à toucher le boîtier pour déclencher et vous éviterez ainsi de le faire bouger. Surtout, pensez à faire la mise au point la plus parfaite possible sur la Lune et à désactiver l’autofocus ; mettez un bout de ruban adhésif sur la bague pour la bloquer une fois la mise au point bonne.
Vous pouvez travailler en automatique, mais le résultat n’est pas garanti. En manuel, quelques essais suffiront pour trouver la bonne pose, l’ouverture et la sensibilité. Un conseil : il ne faut pas que la pose dure plus de quelques secondes sinon la rotation de la Terre engendrera un filé de la Lune ou alors il faut utiliser une monture équatoriale motorisée, mais cela devient une autre histoire ! L'avantage du numérique est que nous ne sommes pratiquement plus limités par le nombre d'images. Vous pouvez donc multiplier les poses en variant la vitesse, l'ouverture, les ISO et vérifier le résultat sur l'écran de contrôle ; lorsque le résultat vous semble bien, conservez les paramètres pour les images suivantes. N’hésitez pas à surexposer la zone non éclipsée durant les phases partielles pour mettre en évidence les couleurs dans les zones déjà plongées dans l’ombre. Et, surtout, pensez à régler l’appareil pour qu’il enregistre les images en mode RAW, ce qui permet de rattraper quelques petits défauts d’exposition lors du traitement avec un logiciel de développement.
Vous pouvez m’envoyer vos images à l’adresse suivante (2 fichiers jpeg de 1 Mo maximum par message) : autourduciel@gmail.com. Je les publierai éventuellement dans un prochain billet en compagnie des miennes… si je les réussis !
Pour des explications plus complètes sur les éclipses de lune, lire aussi :
Ce week-end, observez une superbe éclipse totale de luneet
Suivez l’éclipse totale de Lune en direct sur le web...

Guillaume Cannat

source : http://autourduciel.blog.lemonde.fr/