samedi 5 avril 2014

Cochonglier de l'Ardèche : un spécimen impressionant dans la ligne de mire de l'Etat

Un élevage non déclaré a-t-il voulu se débarrasser d’un cadavre encombrant ?
Un élevage non déclaré a-t-il voulu se débarrasser d’un cadavre encombrant ? (DR)
Le cochonglier découvert en Ardèche, un animal mi-cochon mi-sanglier de plus de 300 kg et de 2,60 m de long, est impressionnant par son gabarit. Les gendarmes enquêtent toujours sur son origine. 
Depuis la récente découverte d’un impressionnant cochonglier (mi-cochon mi-sanglier de plus de 300 kg et de 2,60 m de long) mort dans le bois du Laoul sur la commune de Bourg-Saint-Andéol, les services de l’État ont redoublé de vigilance concernant les populations de sangliers, strictement encadrées en France depuis 1982. La réglementation instaurée à cette époque visait justement à stopper la prolifération dans la nature de croisements hasardeux.
Carcasse suspecte
Ils existent pourtant bel et bien. "De façon naturelle, l’hybridation entre sanglier et cochon domestique est exceptionnelle, explique-t-on à la préfecture de l’Ardèche. Elle peut survenir par exemple lors d’une saillie accidentelle d’une truie domestique en élevage plein air par un sanglier qui franchit une clôture défectueuse". Plus inquiétant, le mastodonte retrouvé à la mi-mars à Bourg, avait les grès (canines supérieures) sciés. Il ne pouvait donc s’agir que d’un animal domestique dont la carcasse a été déposée là volontairement.
Spécimen interdit
À ce sujet, la loi est claire. Les particuliers n’ont tout simplement pas le droit, sauf autorisation préfectorale de détenir un sanglier, même pour en faire sa consommation de charcuterie personnelle. Un arrêté ministériel de 2009 interdit d’ailleurs la présence de cochonglier dans les élevages de catégorie A (pour la chasse et la viande).
La tentation des croisements, plus prolifiques 
Dans les faits, certains éleveurs peu scrupuleux ont recours à ce genre de croisement pour des questions de rentabilité : "Dans les enclos d’élevage, la tentation est grande de provoquer volontairement de telles hybridations car les femelles qui en sont issues sont plus prolifiques et leurs petits grossissent plus vite. On peut donc supposer que de telles pratiques, clandestines et interdites, ne sont pas rares", estime les services ardéchois de l’État qui prennent l’affaire très au sérieux. Des élevages clandestins ont déjà été repérés par le passé sur le département, ils pratiquaient justement "les hybridations pour plus de prolificité". Or les lâchers de tels animaux "compromettent gravement la pureté génétique du sanglier sauvage".
Elevage clandestin ?
Pour l’instant, la provenance de l’animal découvert en bois du Laoul reste mystérieuse : "Cet animal peut provenir d’un élevage non déclaré ou d’un élevage coupable de pratiquer des hybridations et qui aura donc souhaité se débarrasser incognito d’un cadavre gênant", confie la préfecture. Mais pour l'instant, l’enquête de gendarmerie se poursuit.
PAS DE SANGLIER À LA MAISON

En 2008, une habitante d’Euzet-les-Bains près d'Alès avait été condamnée par le tribunal correctionnel d’Alès à 300 euros d’amende avec sursis pour avoir conservé sans autorisation un cochonglier femelle dans un enclos chez elle. Le procureur de la République avait alors justifié les poursuites en invoquant le risque de propagation de la peste porcine dont le cochonglier est vecteur.

HÉLÈNE AMIRAUX