Depuis le 21 janvier, on ne peut plus récolter les huîtres et moules dans l'étang de Thau, dans l'Hérault, à cause d'une pollution. Les cormorans pourraient être les responsables du taux élevé de bactéries.
Dimanche 2 février, cela faisait dix jours que l’étang est “fermé”. Dix jours que les producteurs d’huîtres et de moules de Thau ne peuvent vendre d’autres produits que ceux récoltés et mis en bassin avant le 21 janvier. Stock qui commence d’ailleurs à s’épuiser.
Or, si la pénurie menace, “l’enquête” menée conjointement par Ifremer et le Comité régional conchylicole (CRC) sur l’origine de la pollution avance à grand pas. Cause directe de la fermeture, aux alentours du 20 janvier, donc, des taux de colibacilles bien en dessus du seuil maximal autorisé, sur deux points de prélèvement régulièrement visés par Ifremer : un à Bouzigues, l’autre à Marseillan. Deux points sur 11, certes, mais ayant généré, c’est la règle, une interdiction de récolte sur l’ensemble du bassin.
Des taux anormaux sur le point n°10, au large de Marseillan
"Dès que cette pollution nous a été signalée, explique le président du CRC, Philippe Ortin, nous avons pensé aux conséquences de la pluie, et notamment, pour Marseillan, à l’engorgement d’un poste de relevage dont le contenu, des milliers de mètres cubes d’eaux usées, serait passé dans le pluvial, puis dans l’étang…" Or, lundi, plusieurs jours après cet incident et les premiers relevés, de nouvelles analyses microbiologiques révélaient un taux encore anormalement haut de colibacilles (16 000 e-coli pour 100 g de chair contre une norme de 4 600), notamment sur le point n°10, au cœur de “tables” situées au large de Marseillan.
Or, ces tables conchylicoles sont justement celles qu’affectionnent particulièrement les colonies de cormorans et les mouettes. "Ce sont quasiment les dernières tables en bois, analyse Philippe Ortin, et il semble que l’hiver, elles sont prisées des cormorans car ils peuvent y dormir en ayant moins froid aux pattes que sur les tables métalliques !" Des installations anciennes mais confortables, donc, qui compteraient chacune au moins 200 oiseaux aux déjections aussi conséquentes que leur appétit est vorace.
Des canons à gaz installés sur les "tables nichoirs"
Si la culpabilité des volatiles n’est pas encore tout à fait prouvée, cette piste est d’autant plus sérieuse que cette pollution aérienne avait déjà eu les mêmes conséquences par le passé. Du coup, le CRC a sorti les grands moyens, et installé sur les “tables nichoirs” des canons à gaz.
Une artillerie inoffensive mais qui devrait avoir le mérite d’empêcher les oiseaux de fermer l’œil de la nuit. Jusqu’à ce qu’ils “claquent la porte”. Ensuite, il faudra généraliser les tables de métal. Ou offrir des charentaises aux piafs.
Nouvelles analyses ce lundi 3 février.
Pa. C.
source : Midi Libre