mardi 21 avril 2015

Les p’tites bestioles de Sète en images

On parle souvent de la faune marine mais Sète abrite aussi de nombreuses petites bêtes qui, avec le printemps, commencent à se réveiller. Merci à Jean-Paul Salasse, directeur desEcologistes de l'Euzière. Textes : François Doré.



Le gecko | Il possède des écailles, de grands yeux, sans paupières, et pose ses pattes ventousées sur tous les murs et les plafonds. Ça lui donne forcément un petit côté bête primitive, voire mythologique. En même temps, le gecko a pris l’habitude de se mêler aux repas d’été sur les terrasses, entre apéro et barbecue, profitant de la lumière pour se goinfrer d’insectes. Forcément, il est associé à la chaleur et à la convivialité. C’est sûrement cette double personnalité qui fait tout le charme du gecko. Il y a encore une trentaine d’années, on ne le voyait qu’en zone littorale, à Narbonne, Agde ou Sète (d’ailleurs, l’Anglore en occitan signifie gecko et le Saint-Clair compte un chemin qui porte ce nom). Il est désormais présent partout dans la région, souvent transporté dans des cartons lors de déménagements. Il n’est pas vraiment farouche, pousse parfois des petits cris. Quand il n’est pas à l’apéro, il se planque un peu partout, et souvent derrière les volets des fenêtres. Il est absolument inoffensif.
PHOTO JOHN WALSH / ECOLOGISTES DE L EUZIERE


Les serpents | La couleuvre de Montpellier est très présente aux Pierres Blanches. Mais aussi dans les jardins de Saint-Clair. La femelle apprécie les tas de feuilles mortes ou de compost pour pondre. Capable de grimper aux arbres, de franchir les clôtures, ce serpent non venimeux est cependant assez sédentaire. La couleuvre de Montpellier peut mesurer 2 m de long. Il y a quelques années, un mâle impressionnant avait pris possession d’un ancien bunker sous la table d’orientation des Pierres Blanches. Quand il se dressait façon cobra, peu de promeneurs restaient sur place. À noter que son venin est comparable au venin du cobra justement. Mais les crochets qui injectent le poison sont situés derrière la langue. Seuls les animaux avalés sont piqués. On peut aussi croiser d’autres serpents sur le territoire sétois. La couleuvre à échelons, qui se distingue par les deux barres noires qu’elle porte sur le dos, fréquente les digues des salins. Quant à la couleuvre vipérine (photo), inoffensive, et d’environ 40 cm à taille adulte, on la trouve en abondance dans les ruisseaux, les robines (elle supporte l’eau salée) et même dans les bassins du parc Simone-Veil ! En revanche, aucune vipère n’a élu domicile sur Saint-Clair.
PHOTO MIKAEL ANISSET
Les lézards | La star locale, c’est le lézard psammodrome ou lézard de plage que l’on trouve dans les dunes du lido. On le surnomme la fusée des dunes tant il est vif et rapide. Petit, de couleur sable, il est revenu en abondance depuis la fin des travaux sur le lido. En revanche, pas de lézard ocellé à Sète. On trouve plutôt ce gros lézard vert qui peut atteindre 80 cm de long sur la Gardiole.
PHOTO JOHN WALSH / ECOLOGISTES DE L EUZIERE
Les scorpions | Le petit noir (1 à 2 cm), très commun, se planque la plupart du temps sous les pierres, mais peut aussi fréquenter les maisons. On en trouve derrière les meubles, sous les tapis. Pas de panique, il n’est pas assez puissant pour percer l’épiderme, même d’un enfant. Ce n’est pas la même histoire avec le grand jaune, dit le "Languedocien". Qui ne joue pas vraiment dans la même catégorie. Absent des jardins mais très présent aux Pierres Blanches, il se prélasse sous les pierres. Mieux ne vaut pas trop s’en approcher. D’une belle taille (6 à 7 cm), le languedocien ne rigole pas quand il se sent menacé. Sa piqûre est extrêmement douloureuse et peut vous bloquer un membre pendant trois jours.
PHOTO JOHN WALSH / ECOLOGISTES DE L EUZIERE
La scolopendre | Aux Pierres Blanches, plus rarement aux abords des maisons, la scolopendre sétoise peut atteindre une vingtaine de centimètres. Ce gros mille pattes équipé de deux grosses mandibules n’est guère sympathique. Sa piqûre est, comme dans le cas du grand jaune, extrêmement douloureuse.
PHOTO JOHN WALSH / ECOLOGISTES DE L EUZIERE
L'écureuil | Il n’y a jamais eu de comptage précis. Mais si l’on considère que le territoire d’un couple d’écureuils s’étend sur deux hectares, on estime la population à 500 à 600 couples sur le Saint-Clair. Ils affectionnent les jardins, où le calme règne la journée en l’absence des propriétaires. Sur place, la nourriture est abondante (fruits, petits oisillons). Et les points d’eau plutôt sûrs même s’il faut se méfier des chats. L’écureuil est arrivé sur place il y a un siècle environ quand les premiers arbres ont été plantés. D’où ? Peut-être du bois des Aresquiers. Comment ? Le mystère demeure.
PHOTO JOHN WALSH / ECOLOGISTES DE L EUZIERE
Le hérisson | S’il fallait créer un habitat idéal pour le hérisson, ce serait le Saint-Clair. La martre, principal prédateur, est absente. Les jardins, souvent arrosés, regorgent de limaces et d’escargots. On y trouve aussi de petits fruits en quantité. L’hiver, en raison de l’urbanisation, il y a fait plus chaud qu’en pleine nature. Et il y a toujours un petits tas de vieilles planches, de tuiles, un pot de fleurs renversé pour trouver un abri. Dès la tombée du jour, sans se soucier vraiment de la présence de l’homme, le hérisson prendra très vite ses habitudes pour peu qu’il trouve à boire et à manger. Il peut même s’installer dans les maisons. Auquel cas, mieux vaut le déposer délicatement dehors. Il est bourré de parasites !
PHOTO JOHN WALSH / ECOLOGISTES DE L EUZIERE
La magicienne | Autrement appelée saga, la magicienne est le plus grand insecte français : cette sauterelle peut mesurer jusqu’à 20 cm. On la trouve facilement sur Saint-Clair, le soir, dès le mois de juillet. Elle ne vole pas, et pour cause : elle ne possède pas d’ailes mais en revanche est équipée de grandes antennes. Curiosité de l’espèce : elle est parthénogénétique, c’est-à-dire qu’elle se reproduit sans fécondation. On ne connaît que les femelles qui mettent au monde des femelles. Les scientifiques estiment qu’un mâle doit exister mais n’en ont jamais vu.
PHOTO JOHN WALSH / ECOLOGISTES DE L EUZIERE