vendredi 12 septembre 2014

Les pesticides, source de pollution des rivières en Languedoc-Roussillon

Aujourd’hui rivière en bon état, le Vistre (Nîmes) a bénéficié d’une restauration écologique. Photo DR. Aujourd’hui rivière en bon état, le Vistre (Nîmes) a bénéficié d’une restauration écologique. Photo DR. 

Les produits phytosanitaires sont les principaux responsables du mauvais état des cours d’eau, a insisté l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, qui présentait son rapport annuel.

« Au milieu du gué ». A l’heure de dévoiler son rapport annuel sur la qualité des cours d’eau et des nappes souterraines, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a utilisé cette image. Si « les poissons préfèrent ce bilan à celui de 2013 », a souri Martin Guespereau, directeur général, avec, cette année, « 52% de rivières en très bon et bon état », l’autre moitié s’avère être en moyen, médiocre ou mauvais état. La notion de bon état, définie par une directive européenne datant de 2000, signifie, dans une rivière, « le bon fonctionnement des processus écologiques, la présence et le maintien de la faune et de la flore aquatiques », poursuit Martin Guespereau.
Après les pollutions organiques urbaines, vaincues dans les années 2000 (obligation faite par l’Europe, à partir des années 1990, de collecter et traiter les eaux usées), « la présence de pesticides est aujourd’hui la première cause de déclassement de nos rivières », pointe le directeur général. Selon les mesures de l’Agence de l’eau, qui analyse pour son rapport trois millions de données, « on en retrouve 150 dans les cours d’eau, les plus désastreux étant les herbicides, notamment le Roundup. Il se vend plus de 4 000 tonnes par an de ce produit sur la zone étudiée. En Roussillon, les concentrations peuvent dépasser 200 fois la norme autorisée pour l’eau potable... ». La vie aquatique : microflore, microfaune, n’y résiste pas. Or celle-ci a un rôle essentiel dans les cours d’eau : elle assure l’épuration des eaux, leur sécurité sanitaire. Pire, 36 pesticides interdits depuis dix ans à cause de leur toxicité (cancérigènes) et de leur trop importante durée de vie dans l’environnement, se retrouvent dans un quart des analyses des rivières. Leur concentration connaît des ressauts en période d’épandage dans les zones viticoles, notamment en Languedoc-Roussillon... Des concentrations maximales ont par exemple été relevées sur le Lirou, à Béziers. « Sur les pesticides, il faut vraiment agir à la source, et limiter l’utilisation de ces produits », insiste Michel Deblaize, directeur de l’Agence de l’eau Languedoc-Roussillon. A Vacquières, village viticole du nord de Montpellier, « nous obtenons de bons résultats. Nous avons sensibilisé les agriculteurs à la nécessité de cibler et limiter le nombre de traitements, laisser enherbée une rangée sur deux, bref préférer un travail mécanique même s’il est un peu plus onéreux plutôt que le recours à ces produits. » L’exemple de Vacquières est celui d’un captage d’eau. Mais les utilisateurs de pesticides ne sont pas que les agriculteurs. Les villes aussi y ont recours, et les particuliers. On estime que 60% des usages domestiques de ces produits « retournent au milieu »... En Languedoc-Roussillon, la pollution aux nitrates « n’a rien à voir avec ce qui existe en Bretagne. Il n’y a pas de phénomène d’algues vertes en Méditerranée », pose Martin Guespereau. De « fortes concentrations » ont cependant été mesurées « juste au début de l’Hérault, et sur l’étang de l’Or, à Marsillargues. »
Catherine Vingtrinier
source : l'Hérault du Jour