
Connu pour ses 60 hectares de balade gratuite entre les enclos de 130 espèces animales, le parc zoologique de Montpellier aura complètement changé de visage dans 5 ans.
Ouvert en 1964 avec un zèbre pour tout pensionnaire, le zoo Darwin de Montpellier, anciennement nommé Lunaret est devenu une véritable institution régionale. Promeneurs, joggeurs, familles aiment à déambuler dans les 60 hectares de parc ouverts gratuitement au public toute l’année. Mais les habitués n’ont pu passer à côté des premiers signes de transformation qu’il a entamés : arbres abattus, allées barrées, poteaux qui sortent de terre... Il flotte dans l’air comme un parfum du zoo de Vincennes qui, lui, a mis trois ans pour opérer sa métamorphose, mais en fermant ses portes au public. « On refait tout le zoo, de l’entrée à la ferme pédagogique », annonce son directeur Luc Gomel.
A commencer, dès la fin de l’été, par la zone technique qui sera agrandie pour accueillir de nouveaux bâtiments aux normes, notamment de sécurité incendie. « Nous allons construire des vestiaires pour 144 personnes, des ateliers techniques, un réfectoire et une lingerie. Nous allons également avoir un espace pour le vétérinaire, les quarantaines et la nurserie qui pourrait être visible du public. Nous envisageons aussi d’installer une véritable caserne de pompiers ». Déjà, la Ville a renforcé les équipements en multipliant le nombre de robinets d’incendie et en achetant deux camions qui stationnent sur place. Quant aux équipes, elles mènent des exercices le plus souvent possible pour faire face en cas d’incendie qui pourrait s’avérer catastrophique.
Car si l’on apprécie l’ombre que procurent les pins d’Alep qui couvrent tout le zoo, « il s’agit d’une espèce exogène, introduite par l’Homme et qui s’est parfaitement bien adaptée à notre climat sec et chaud. Elle s’installe dès que possible, explique Lisa Lacroix, directrice adjointe. Il s’agit presque d’un invasif qui brûle très facilement et doit être absolument contrôlé ». En l’état actuel, un feu de cimes pourrait se propager à tout le parc zoologique et dans le quartier d’Aiguelongue situé de l’autre côté de l’enceinte Est, à bout touchant, mettant en danger les animaux, les visiteurs et les habitants alentour. Une grande campagne de gestion de la végétation a donc démarré. « Nous comptons remettre une partie du parc comme il était à l’époque, refaire pousser des chênes verts, des oliviers et des arbousiers, permettre à la végétation restée en sous-bois sous les pins, de se développer", explique Christophe Cour, adjoint à la mairie de Montpellier en charge des parcs et jardins et du parc Darwin. Ce lieu va rester prioritairement une zone de biodiversité tant au niveau de la faune que de la flore ».
Avant le premier coup de tronçonneuse, le zoo a fait l’objet d’une vaste étude sur les risques incendie, couplée à une étude d’un cabinet paysager, en vue de donner une cohérence esthétique au mobilier, à la végétation et aux enclos. L’installation des animaux et le choix des espèces présentées fait également partie du programme de rénovation. Les premiers travaux préparant un nouvel espace pour les guépards ont d’ailleurs débuté.
« Nous allons réaliser plus d’enclos qui abritent différentes espèces venant du même écosystème, comme c’est déjà le cas pour la plaine africaine, confie Luc Gomel. Pour l’instant nous n’avons fait que de la fermeture d’espèces car nous ne pouvons pas refaire le zoo sans déplacer les animaux et sans espaces d’accueil, c’est impossible à réaliser. Nous faisons donc actuellement le diagnostic des animaux qui doivent partir ». Le takin du Tibet, par exemple, - « qui vit habituellement les pieds dans la neige » - sera bientôt adopté par un zoo américain. Les autres enclos seront réaménagés et embellis, notamment celui des ours qui pour l’instant « ressemble à Guantanamo. Il faut réussir à faire disparaître les installations obligatoires pour la sécurité avec de la végétation ».
Le parc va également s’enrichir d’une véritable aire de jeu pour les enfants qui est en cours d’installation du côté de la colonie des lémuriens, avec plusieurs structures colorées aux normes de sécurité. Tant et si bien que les parents auront du mal à déloger leurs chérubins pour aller voir les animaux, à moins qu’ils ne les appâtent avec le programme de la ferme pédagogique qui devrait reprendre toute sa place*. Enfin, un sentier botanique prendra son départ non loin de là, laissant découvrir aux visiteurs une quarantaine d’espèces locales qui n’ont plus besoin que d’un peu de temps, de soleil et d’eau pour pointer le bout de leurs feuilles.
« On est au début d’une nouvelle histoire de restructuration du zoo », résume son directeur. Un zoo qui pourrait d’ailleurs bientôt passer dans les mains de l’agglo.
Hélène Gosselin
source : l'Hérault du Jour