mercredi 21 août 2013

Découverte d’une planète dont l’année dure 8 heures


Même si la NASA a expliqué, jeudi 15 août, qu'elle renonçait à réparer le système de positionnement de son télescope spatial Kepler, ce champion de la chasse aux planètes extra-solaires n'a pas fini de combler les astronomes. Non seulement l'agence spatiale américaine a bon espoir de le reconvertir à distance pour d'autres tâches scientifiques, mais en plus de cela, les chercheurs sont loin d'avoir exploitétoutes les données que l'engin a enregistrées depuis sa mise en service, en 2009. Comme c'est souvent le cas avec les missions spatiales, même lorsqu'elles sont mortes, leur héritage nourrit les scientifiques pendant des années.
Ainsi, dans une étude publiée le 16 août par The Astrophysical Journal, une équipe américano-danoise vient d'annoncer avoir pratiqué une nouvelle analyse des données de Kepler dans un but bien particulier : mettre la main sur des exoplanètes à révolution ultra-courte, c'est-à-dire des astres qui font le tour de leur étoile en moins d'un de nos jours terrestres, voire en moins d'une demi-journée. Après avoir balayé le catalogue de quelque 150 000 étoiles surveillées par Kepler, ils se sont retrouvés avec une vingtaine de candidates. Parmi elles, une planète si proche de son étoile qu'elle en fait le tour en 8 heures et demie, ce qui la place dans le peloton de tête des planètes dont les "années" s'écoulent le plus vite. A titre de comparaison, la révolution de Mercure, la planète la plus proche du Soleil, dure 88 jours terrestres. La nouvelle venue, un peu plus grosse que la Terre, a été détectée par ses passages répétés entre Kepler et son étoile. Le télescope spatial a en effet été conçu pour repérer les minuscules baisses de luminosité de l'étoile que ces transits provoquent.
Baptisée Kepler-78b, cette petite exoplanète a toutes les caractéristiques de l'enfer. Selon ses découvreurs, la température qui règne à sa surface étant comprise entre 2 000 et 2 800 °C, l'astre est recouvert d'un océan de lave. Il est aussi très probable que la plus grande partie de son atmosphère a été arrachée par les flux de particules et de rayons ultra-violets émis par son étoile. Dans ces conditions dantesques, il n'y a sans doute aucune chance que la vie soit possible sur Kepler-78b. Comme le résume Joshua Winn, astrophysicien au MIT et co-auteur de l'étude,"il faut vraiment tirer sur son imagination pour envisager une vie dans un monde de lave. En tout cas, nous ne survivrions pas là-bas."
Même si elle entre dans la catégorie très fermée des exoplanètes dont la révolution dure moins d'une journée terrestre, Kepler-78b est loin d'avoir le record en la matière. Celui-ci appartient à KOI-1843b, une planète qui fait le tour de son étoile en un peu plus de 4 heures. Cette incroyable proximité avec l'étoile a des conséquences intéressantes pour les astronomes, puisqu'elle leur permet... de deviner la composition de la planète. Il ne peut en effet s'agir d'une planète gazeuse, comme Jupiter, ni d'une planète rocheuse, comme la Terre, car si c'était le cas, les énormes forces de marée exercées par la masse de l'étoile la disloqueraient. Selon un article que la même équipe d'astrophysiciens a fait paraître le 29 juillet dans The Astrophysical Journal LettersKOI-1843b est donc majoritairement composée de fer, avec une part rocheuse ne dépassant pas les 30 %. Après les planètes-océans révélées en mai, voici donc venu le temps des planètes de lave et des planètes de fer...