Les six aquariums de la région font le plein
La fréquentation des six aquariums de la région progresse. Pour répondre à la demande, plusieurs se sont agrandis ou projettent de le faire. L'intérêt du public pour la nature et le monde du vivant ne cesse de croître.
Jadis, la visite d’un aquarium se liquidait en moins d’une heure. "Le conservateur était content quand il avait la collection complète d’une espèce, un truc de scientifique qui barbait le grand public", raconte Sophie Huberson, directrice générale de la Fnélac, fédération qui regroupe espaces de loisir et d’attractions et certains aquariums. "La fréquentation cumulée de nos adhérents était de 3 millions de visiteurs en 1990 et 70 millions en 2008. Depuis, c’est exponentiel." On assiste à une course aux armements, à grands renforts de bassins toujours plus grands, de poissons toujours plus exotiques et de boutiques et cafés estampillés “grand large”.
325 000 visiteurs au Seaquarium du Grau-du-Roi
Au Grau-du-Roi, les records sont battus avec 325 000 visiteurs "sans aide publique", précise Jean-Marc Groul, directeur, qui a englouti depuis la création du Seaquarium 12 M€ pour améliorer les lieux. "Nous devons notre survie à la création du plus grand espace en France (1 000 m2) réservé aux requins." Les dents de la mer font plus que jamais recette. "Désormais, se réjouit-il, on fait partie du “club” des six sites de la région qui dépassent les 300 000 entrées, à l’instar des arènes de Nîmes, la bambouseraie d’Anduze, Mare Nostrum, la réserve de Sigean, Haribo à Uzès."
Clients hypnotisés par le vivant
"Dans les grands aquariums, on utilise les recettes éprouvées des parcs de loisirs. Les investissements sont importants et payants en terme de fréquentation. La visite peut parfois durer une journée", admet Sophie Huberson. Surtout quand ces nouveaux parcs marins offrent le calme et la sérénité que recherche le public. Et quand la météo se déchaîne, c’est la ruée. "Cette volonté de “zénitude” fait partie d’un mouvement plus large : les gens se rapprochent de plus en plus du monde du vivant", constate un biologiste.
L'aquarium du Cap d'Agde spécialisé dans le corail
C’est aussi vrai pour les structures plus modestes. Au Cap-d’Agde, première station touristique d’Europe, les 30 bassins de l’aquarium dédiés à la faune d’eau de mer, 130 000 visiteurs, enregistrent une hausse de fréquentation depuis cinq ans. "On est dans le top français pour l’étude du corail", confie Alain Pigno, créateur du site, en 1991, où est élaboré un programme unique de conservation de larves de coraux par cryogénie, avec le laboratoire Arago de Banyuls.
Engouement du public pour le monde du vivant
"Nos clients partagent un engouement pour la nature et sont hypnotisés par le vivant", formule Alain Pigno. Non loin de là, à Canet, la commune projette d’injecter 6 M€ pour rebâtir l’aquarium (120 000 entrées, + 10 %) d’ici cinq ans. "Notre spécificité ? Ne pas en avoir ! Nous montrons la diversité aquatique", dit Pascal Mosconi, biologiste. On n’a pas fini de se mettre la tête dans l’eau sans se mouiller.
OUVERT EN 1885, BANYULS EST L’UN DES PLUS ANCIENS DE L’HEXAGONE
C’est l’aquarium-laboratoire par excellence, relié au célèbre centre d’études océanographique de Banyuls. "C’est l’un des plus anciens de l’Hexagone", rappelle Pascal Romans, conservateur de l’aquarium. Chaque année, 45 000 personnes viennent y contempler faune et flore locales visibles dans ses 37 bassins. De vrais tableaux.
Reconstruction prévue d'ici 2016
L’ensemble sera reconstruit d’ici 2016 moyennant 11 M€ pour "lui donner un second souffle". Collectivités, Europe mais aussi l’université et les laboratoires Fabre en sont les financeurs. Ce petit Monaco - par la taille - est "sans équivalent en Europe pour la recherche océanographique". On y étudie des molécules qui feront les médicaments de demain ; les oursins pour la cancérologie, voire l’intéressant précurseur des invertébrés, l’amphioxus.
A MONTPELLIER ET À SAINT-JEAN-DU-GARD
Avec 340 000 visiteurs et 30 000 animaux marins, Mare Nostrum à Montpellier est, cinq ans après sa création, "le 1er site touristique payant de la région", dit Vincent Roucayrol, chargé du développement. Son credo ? S’adresser au plus grand nombre via un voyage initiatique dans chaque mer du globe. En s’attachant moins aux espèces qu’à la reconstitution des milieux. La mise en scène des espaces, sans cesse renouvelée, joue un rôle primordial. Le clou : le grand aquarium, l’un des plus grands de France.
Un projet de bassin avec otaries
Né de la volonté de Georges Frêche, Mare Nostrum complète le quartier Odysseum. Ce sont les collectivités qui ont réglé la facture de 60 M€. "Depuis, les entrées (4,2 M€) équilibrent le budget", affirme Nicole Bigas. La vice-présidente de l’Agglo de Montpellier confie avoir "un projet de bassin extérieur avec otaries".
Saint-Jean-du-Gard plus grand que Mare Nostrum !
Créé en 1990 et repris par la commune il y a douze ans, l’aquarium atypique de Saint-Jean-du-Gard "tire son épingle du jeu avec 30 000 visiteurs par an venus admirer faune et flore des rivières et des lacs, notre spécialité, explique Jean- Jacques Lafon, élu chargé de sa gestion. C’est un passionné qui l’a créé à Poulx en 1990. Nous l’avons récupéré pour ajouter une offre au train à vapeur des Cévennes. Et il est plus grand que Mare Nostrum !"
OLIVIER SCHLAMA